Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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Retour sur les « gabelous ».

   par Nicole Gérardot



Dans la revue n°91, j’avais écrit un article sur ces douaniers qui poursuivaient les contrebandiers faisant le trafic du sel, denrée chère à l’époque et de première nécessité.
En feuilletant le livre d’Alcide Leriche, paru en 1974, « Argonne terre étrange » voilà que je découvre un chapitre intitulé : « Lorsque Mautfaucon servait de repère aux faux saulniers en 1706 ». De quoi attiser ma curiosité.
Montfaucon est un village meusien situé à une vingtaine de kilomètres de Sainte-Ménehould.
Avec les villages environnants, il s’était transformé en un centre actif du commerce du sel. Les habitants s’assemblaient en grand nombre, parfois jusqu’à quatre-vingts. Bien armés, ils partaient vers la frontière avec vingt à trente charrettes qu’ils chargeaient de sel et ramenaient leur précieux chargement, n’hésitant pas, parfois, à faire le coup de feu sur les gardes rencontrés le long du parcours.
En 1706, à la fin du mois de juillet, quatre compagnies de cavalerie, une compagnie de dragons et 150 hommes à pied de la garnison de Longwy débarquent à Montfaucon. Soixante-trois bourgeois sont inquiétés pour ce trafic illicite, les faux saulniers sont jetés en prison. Les troupes royales infligent à la population un traitement des plus rudes, menaçant de brûler les maisons, en tuant hommes, femmes et enfants.
Une affaire bien pénible dans l’histoire de ce village.

Toujours à propos des gabelous, dans un vieil album lorrain, j’avais déniché une photo de douaniers qui traquaient les hommes se livrant à la contrebande ...d’allumettes. Et voilà que, toujours dans le livre d’Alcide Leriche, je découvre un article sur la fabrication des allumettes ! Je cite :
« Toges est un petit bourg, à quelques kilomètres de Vouziers, en pleine Argonne ardennaise. Toges dit Toges en France, avait, en Argonne, le monopole de la fabrication et de la vente des allumettes soufrées dites « togeardes ». Ce nom s’emploie aussi bien pour les femmes qui vendent les allumettes que pour les allumettes elles-mêmes. »
On utilisait toujours du bois de tremble qui était découpé avec une serpe en morceaux de 12 à 15 cm, puis avec un couteau, en planchettes de 5 mm d’épaisseur, ce qui demandait une grande dextérité. L’ouvrière les regroupait en bottes. La dernière opération consistait à tremper les deux extrémités dans du soufre fondu.
Avant 1914, nombreux étaient les habitants qui fabriquaient ces allumettes. À la veillée, toute la famille se mettait au travail devant le feu à l’âtre. Cette production permettait d’améliorer les ressources du ménage. Après la guerre de 14-18, ce métier a disparu.
Mais fabriquer des « togeardes » était une chose, les vendre en était une autre. À la belle saison, elles partaient à pied, parfois allaient prendre le train à Vouziers et ce, à deux heures du matin pour être arrivées sur les lieux de vente en début de matinée. Souvent par deux, le bâton à la main, une hotte pleine à craquer sur le dos, elles offraient à domicile le fruit de leur labeur. (La botte de 12 allumettes était vendue 5 sous).
Les « togeardes » avaient leurs clients attitrés qui faisaient leur réserve pour l’hiver. En ce temps-là, on avait toujours une bougie, une lanterne, une lampe à allumer. Il y avait donc des allumettes soufrées en réserve dans une boîte spéciale au coin de la cheminée.
Voilà l’histoire des « togeardes ».

Si vous avez d’autres histoires de gabelous, n’hésitez pas à nous les confier.
Nicole Gérardot


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