Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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LE VERGER SUD-ARGONNAIS AU DEBUT DU SIECLE.

   par Ernest Bassuel



Dans nos villages, même les plus pauvres possédaient quelques arbres et la forte présence du pommier (voir le petit journal n°3) ne doit pas faire oublier les autres espèces.
Tout d’abord, le prunier, ou balassier, ou blossier, en patois : il existait de nombreuses variétés communes, qui se reproduisaient facilement et même spontanément, par drageonnement. La grosseur de l’arbre était très variable. Celle des fruits également, ainsi que leur couleur, et les noyaux, quelquefois, ne se « détachaient » pas. On en faisait du « jargan », confiture peu sucrée à consommer rapidement. Les plus grosses prunes, séchées au four à pain, devenaient des pruneaux. Quelques variétés étaient commercialisables : « Madeleine », « St Christophe » et surtout la « Rouge de Passavant », très renommée. Un peu plus tard, la mirabelle a pris la place de la vigne sur les côteaux Sud-Argonnais où brouillard et gelées sont moins forts.
Sur son mamelon, le prunier se plaisait à Senard, surtout une petite prune jaune, d’une saveur doucereuse, appelée par dérision « la mirabelle de Senard ». A l’Assomption, fête patronale, il y avait sur la « galette », quarante douze balasses de haut, ce dont les Oindas (surnom des habitants de Senard) étaient très fiers : cela prouvait leur richesse !
Le cerisier aussi était cultivé : d’abord, les cerises « molles » : les guignes, fruits de grosseur et couleurs très variables et les griottes ou cerises aigres. Puis, les « coeurs », fruits fermes : bigarreaux rouges ou noirs, de bonne taille. Les arbres pouvaient devenir énormes, en grosseur et hauteur. Chaque année, lors de la cueillette, il y avait une série d’accidents parfois mortels.
Quant aux poiriers, chaque village avait ses variétés et la même variété changeait de nom suivant le village. Un arbre majestueux, « Le Saint-Rouin », dominait. Les « pouères de St Rouin » étaient bien savoureuses en fin de saison.
Le « Carisé » était une autre variété très cultivée. L’arbre, vigoureux, fort, haut, avait des branches retombant sous le poids de fruits assez gros, durs, âcres et très acides. Les vaches en raffolaient, ce qui causait bien des soucis aux gardiens de troupeaux. On faisait de ces poires des milliers de litres de « poiré de Carisé », quand même dur à avaler. Mais par les grosses chaleurs, étendue d’eau, c’était une boisson très rafraîchissante. Une partie était convertie en « goutte » (sans la saveur de la William !) mais nos anciens n’étaient pas difficiles !

A propos de poirier ...


La revue « Horizons d’Argonne » (n°46) consacre un article au « Poirier dans la toponymie du Sud-Argonnais ». Elle y cite l’ouvrage du Recteur BABIN « Les lieux-dits de la commune de Boureuilles », notre voisine meusienne.
« Au cours du Moyen-Age, une coutume consistait, pour les jeunes mariés, à planter deux poiriers sauvages, loin du village, au bord d’un chemin ou dans un terrain vague et à les entretenir durant trois ans.
La plupart de ces jeunes arbres disparurent au cours des ans, mais quelques uns d’entre eux vécurent assez longtemps pour devenir la « marque » d’une contrée. Tout naturellement, chacun de ces poiriers avait pris le nom du jeune ménage qui l’avait planté (Poirier, Chabrol, ou Poirier-Colas ...). La longévité de ces poiriers sauvages (certains auteurs parlent de 700 ans !) perpétua cette dénomination »
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FOUILLONS, FOUILLONS ...


Fouillons dans nos souvenirs, dans les greniers, dans l’album photos. Transmettez nous tout document qui vous semble digne d’intérêt. Sa publication dans le bulletin le fera entrer dans la mémoire collective.

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